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L’événement : un métier « à missions »

Frédéric Bedin, Directeur Général et Président du directoire d’HOPSCOTCH Groupe, partageait sa vision “L’événement : un métier “à missions” “, dans le dernier numéro du magazine Tendance Nomad. 

Vous avez tous entendu parler des « entreprises à missions » que la loi Pacte va consacrer en modifiant le code civil. Certains débattent de la pertinence du sujet, pourtant c’est vrai que plus une organisation a d’impact social, plus grande est sa valeur potentielle, dans l’intérêt de ses clients, actionnaires, salariés et pour toute la société.

Pour notre métier c’est une immense nouvelle car toute notre profession est chargée d’une mission, créer de la Valeur avec un grand V :

D’abord de la valeur humaine, l’industrie de la rencontre crée le lien relationnel qui permet à une somme d’individus de faire société ; les événements sont le lieu des échanges impromptus, de la sérendipité, qui est aussi le sel de la vie. Avant de créer du capital financier ou immatériel, nous sommes les créateurs de capital relationnel.

Le monde devient digital, certes, mais la technologie numérique est devenue puissante justement parce qu’elle est au service de l’amplification de cette économie de la relation. La seconde Valeur créée par l’événement est donc le contenu du web. Que mettre sur les réseaux sociaux si vous n’avez pas de fêtes, de voyages, de choses spectaculaires ? Cela est vrai pour chacun, et encore plus pour les entreprises ou institutions dont les posts non événementiels seraient de simples publicités voire des spams. L’événement est le contenu du web, sans cela, sans nous, Internet serait une base de données comme un minitel des années 80 !

Les influenceurs, ces nouvelles stars que les entreprises veulent séduire, sont avides de nos événements pour mettre en scène leur production éditoriale, et donner, à leur tour, plus de valeur à notre métier par la visibilité nouvelle que cela procure.

Le nouveau Marketing des secteurs du luxe, du sport, des produits technologiques, de la mode, la deco etc…est passé en moins de 5 ans de la production de publicités diffusées sur les media de masse, à la production d’événements promus par les influenceurs et les media spécialisés. La Valeur de Facebook, Instagram, ou LinkedIn nous doit beaucoup !

Il est aussi très étonnant d’observer, après des années de focus sur le e-commerce, le retour d’un commerce tourné vers l’événementialisation des points de ventes. Les Pop-up stores, et le retailtainment sont les nouvelles martingales de la création de valeur dans la distribution ; autant de terrains de jeux à développer pour les pro de l’event.

Au-delà des produits grand public, l’événement est évidemment au cœur des relations B to B, les foires du moyen âge sont devenues des salons avec des marques de notoriété mondiale (SIAL, CES, Mobile World Congress), des festivals qui structurent des marchés ( le film à Cannes, l’art contemporain à la Fiac, etc… ) et l’on entrevoit la multiplication de grands événements hybrides comme South by South West à Austin au Texas , accélérateurs de porosité interdisciplinaire, qui crée une valeur immense en décloisonnant la création, l’art, la technologie, la distribution, et tous les grands sujets tels que la santé, l’alimentation, la finance… en bref : des moments de vie augmentés.

Les villes, territoires ou pays qui accueillent ces manifestations ont bien saisi le potentiel en matière d’attractivité, pour faire venir des touristes, mais aussi des étudiants dans les universités, des centres de recherche, des cadres avec leur famille, générant un cercle vertueux économique et social. La ville de Austin a doublé sa population en 15 ans, et se voit déjà comme la prochaine San Francisco.

A l’échelle d’un pays nous avons tous en tête les expositions universelles, les Jeux Olympiques, mais aussi les grands sommets comme le G7. La France a de nombreux atouts en termes de destination, de fonctionnalité, d’image, et elle a surtout un savoir-faire événementiel formidable.

Notre mission de créer de la valeur pour les autres, nous l’acceptons bien volontiers, quelle chance de faire ce métier !

Retrouver le n°34 de Tendance Nomad sous ce lien.